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IA, Robotique & Data
OpenAI, NEO et la guerre invisible : la Silicon Valley au bord du vertige
OpenAI veut lever 1000 milliards.
5 min
OpenAI veut lever mille milliards. NEO promet un majordome humanoïde à 500 dollars par mois. Et la Silicon Valley découvre une nouvelle arme : le sexe.
Trois histoires racontées par Carlos Diaz dans Silicon Carne, qui, mises bout à bout, dessinent une même question : jusqu’où ira la tech !
OpenAI veut lever 1 000 milliards
De l’idéalisme à la mécanique de marché
“La Silicon Valley est une machine à trahir ses propres idéaux.” — Carlos Diaz, *Silicon Carne*
OpenAI n’a pas changé de nature. Elle a avoué sa nature.
Fondée en 2015 pour “sauver l’humanité”, la start-up est devenue une Public Benefit Corporation : une structure hybride qui autorise le profit au nom d’un bien public.
“OpenAI a simplement acté ce que tout le monde savait : dans la course à l’IA, c’est la trésorerie, pas la morale, qui fixe la vitesse.” — Carlos Diaz
Les grands modèles d’IA coûtent plus cher à entraîner qu’une centrale électrique à construire.
Les GPU remplacent les raffineries.
Résultat : OpenAI veut lever jusqu’à 1 000 milliards de dollars pour financer une nouvelle génération de compute, de chercheurs et de produits sectoriels.
Objectifs chiffrés :
- Valorisation actuelle : 500 milliards $
- Revenus projetés 2025 : 13 milliards $
- Ambition 2030 : x15
- Part Microsoft : 13 milliards investis pour 27 % d’exposition
OpenAI ne vend plus un logiciel : elle absorbe des fonctions humaines.
Finance, santé, juridique, industrie : chaque entreprise cliente ne paie plus pour un produit, mais pour réécrire son organigramme.
Microsoft : le contrôle sans la propriété
Dans l’ombre de cette expansion, un autre acteur tire les ficelles : Microsoft.
Officiellement, il n’est qu’un partenaire stratégique.
En réalité, il orchestre tout le pipeline : hébergement (Azure), diffusion (Copilot), intégration (Office, Windows), et déploiement de modèles via son cloud.
“Microsoft, c’est l’infrastructure invisible de l’IA. Ils ne possèdent pas le cerveau, mais tout ce qui le nourrit.” — Jérémie Michel
C’est un coup de maître : le contrôle sans la propriété.
Redmond capte les flux sans subir les risques.
Et Sam Altman ?
Le CEO d’OpenAI ne détient aucune part (salaire symbolique, zéro equity) mais un pouvoir d’orchestration colossal.
Son capital, c’est le réseau : investisseurs, chefs d’État, ingénieurs, stratèges.
Dans la nouvelle Silicon Valley, le pouvoir n’est plus actionnarial, mais orchestral.
Comprendre la “Public Benefit Corporation”
Une PBC autorise les profits, mais exige qu’ils servent un objectif d’intérêt public.
Pour OpenAI, cela signifie : “avancer vers une IA bénéfique, tout en assurant la croissance.”
En clair : une ONG avec un tableau Excel.
La souveraineté selon OpenAI
Le passage à la PBC marque aussi la naissance d’un nouveau type d’acteur :
l’entreprise-État.
Ses armes : compute, modèles, capital humain.
Ses frontières : la bande passante.
“L’IA générale n’est pas une technologie, c’est une politique étrangère.” — Wallerand Moullé-Berteaux
La question n’est plus “qui aura l’IA la plus performante”, mais “qui fixera les règles du jeu.”
Et dans cette course, les États semblent déjà un cran derrière.
2. NEO promet un majordome humanoïde à 500 dollars par mois
Le robot entre dans la maison
Pendant qu’OpenAI fabrique des cerveaux, 1X Technologies fabrique des corps.
Leur robot NEO, facturé 499 dollars par mois, promet de plier vos vêtements, de ranger votre cuisine et de faire la vaisselle.
Mais derrière le rêve techno se cache une vérité plus étrange :
dans sa version initiale, le robot est piloté à distance par des humains en réalité virtuelle.
“Derrière chaque robot, il y a un humain. Derrière chaque geste, une donnée. Derrière chaque donnée, un modèle plus intelligent.” — Anji Ismail
C’est le compromis fondateur de la robotique moderne : pas d’IA utile sans données réelles.
Et pour apprendre, NEO doit observer… vos habitudes, vos intérieurs, vos gestes.
Télé-opération et zone grise de la vie privée
Imaginez : pendant que vous travaillez, votre robot fait le ménage.
Mais il est parfois contrôlé par un inconnu, ailleurs dans le monde, pour l’aider à apprendre.
La caméra embarquée devient un œil industriel.
“C’est un Uber de la manipulation : on paie pour un robot, on reçoit un humain à distance.” — Carlos Diaz
Chaque geste corrigé, chaque erreur annotée alimente le futur modèle.
Le foyer devient un laboratoire d’entraînement massif.
La confidentialité n’est plus une option, c’est un paramètre technique.
Et les ingénieurs devront bientôt concevoir non pas des robots “sûrs”, mais des robots socialement acceptables.
NEO, le robot à abonnement
- Prix : 499 $/mois (ou 20 000 $ à l’achat)
- Objectif : 10 000 unités livrées dès 2026
- Technologie : apprentissage par télé-opération humaine
- Ambition : 1 million d’unités d’ici 2028
- Investisseurs : Tiger Global, OpenAI Startup Fund
De la main à la donnée
Pourquoi l’humanoïde ?
Parce que notre monde est conçu pour la main humaine : poignées, tiroirs, boutons, escaliers.
Résoudre la main, c’est résoudre le monde.
Mais tant qu’elle ne sera pas “maîtrisée”, il faudra des humains dans la boucle.
Ce qui, paradoxalement, accélérera son autonomie.
“Plus il y a d’humains derrière les robots, plus les robots apprennent à se passer d’eux.” — Carlos Diaz
Le dilemme est posé : plus de confort, moins de vie privée.
Et l’Europe, fidèle à elle-même, régulera pendant que les Américains déploieront.
Sex Warfare dans la Silicon Valley
Espionnes, LinkedIn et secrets industriels
La troisième histoire racontée par Carlos Diaz est digne d’un roman d’espionnage.
Sauf qu’elle est vraie.
Selon le Times of London, des espionnes chinoises et russes ciblent les ingénieurs et cadres de la tech américaine.
Leur arme : LinkedIn.
Leur stratégie : séduction, mariage, enfants… puis extraction d’informations.
“La sécurité, ce n’est plus une question de firewall, mais de libido.” — Carlos Diaz
Les pertes estimées s’élèvent à 600 milliards de dollars par an.
Des fuites industrielles, des rachats hostiles, des secrets militaires.
Une guerre silencieuse, sans missiles, menée à coups de connect et de messages privés.
L’ingénieur, nouvelle cible du renseignement
Les agences parlent désormais de “war of hearts and minds 2.0” :
l’exploitation des failles émotionnelles et sociales.
L’ingénieur n’est plus seulement un employé : c’est un endpoint humain.
“On peut blinder un système, mais pas une conversation.” — Wallerand Moullé-Berteaux
Cette guerre intime brouille les frontières entre sécurité nationale, espionnage économique et vie privée.
Et pour une Silicon Valley obsédée par la transparence et la confiance, c’est un paradoxe : plus elle se connecte, plus elle s’expose.
600 milliards de dollars envolés
Chaque année, les États-Unis estiment à 600 milliards le coût des fuites de propriété intellectuelle.
Une partie de ces pertes serait liée à des manipulations ciblant les individus plutôt que les infrastructures.
Conclusion, le discernement comme dernier pare-feu
OpenAI fabrique les cerveaux.
1X Technologies fabrique les corps.
LinkedIn fournit les portes d’entrée.
Le reste ?
Notre discernement.
La Silicon Valley a franchi un seuil : celui où la technologie ne se contente plus d’augmenter l’humain , elle commence à le remplacer, l’observer et le séduire.
“Protégez vos logiciels, mais aussi vos slips.” — Carlos Diaz, mot de la fin
Ironique, mais juste.
Parce qu’à mesure que les machines gagnent en intelligence, l’humanité devra réapprendre la vigilance, cette qualité analogique que rien ne peut automatiser.


